SexualitÉ et Couple
avec Louise Tocqueville
Conversation #12
Conversation #12 – Sexualité et Couple, avec Louise Tocqueville
Conversation avec Louise Tocqueville
La Danse des Énergies : Yin et Yang dans l’Intimité du couple
Dans l’espace intime d’une femme, l’équilibre entre les forces Yin et Yang se dévoile comme une danse délicate, tantôt fluide, tantôt heurtée. Louise Tocqueville, sexothérapeute et thérapeute de couple, nous invite à explorer ce jeu d’énergies, un mouvement subtil qui rythme nos désirs, nos rencontres et notre façon d’aimer.
Dès l’enfance, beaucoup de femmes ressentent une inclination naturelle vers le Yin : douceur, introspection, imagination. Mais au fil des années, la vie les pousse souvent à enfiler les armures du Yang, cette énergie de l’action, de la maîtrise et de la survie. Le monde moderne valorise l’efficience, l’audace et le contrôle, autant de qualités Yang qui, bien que précieuses, finissent parfois par étouffer l’écoute du corps et du cœur.
« J’ai longtemps été dans le Yang, confie Louise, parce que la vie me l’a demandé. Par nécessité, j’ai appris à avancer, agir, me battre. Mais au fond de moi, il y avait cette part douce et vulnérable qui ne demandait qu’à être accueillie. »
La sexualité d’une femme n’échappe pas à ce déséquilibre. Une énergie trop Yang l’empêche de lâcher prise, de s’abandonner à ses sensations. Le corps devient alors un territoire sous contrôle, fermé à la lenteur, à la rondeur du plaisir. Le Yin, lui, est cette force presque invisible qui s’offre lorsqu’on accepte de ralentir, d’écouter. C’est dans le silence que l’on ressent, c’est dans l’immobilité que l’on s’ouvre à l’autre, à soi, et à la rencontre.
Mais cet équilibre n’est pas une ligne droite. Il est vivant, mouvant, comme une rivière qui ne cesse de couler, jamais deux fois au même endroit. Dans le couple, il se manifeste dans les échanges d’énergies : parfois l’un porte le Yang et l’autre le Yin, parfois les rôles s’inversent. Lorsque l’un court, l’autre apaise. Lorsque l’un écoute, l’autre ose parler. Cette alternance est le véritable secret de la connexion : elle permet au désir de naître, au plaisir de s’épanouir, et à l’intimité de devenir un espace de liberté.
Car le désir n’est pas une permanence. Il fluctue, se nourrit de ces jeux d’équilibre et de déséquilibre. Louise le décrit ainsi :
« Le désir, c’est une co-création. Il ne surgit pas toujours spontanément ; il s’organise, il se cultive. C’est dans les espaces que l’on s’offre volontairement que le désir peut renaître. »
Créer ces espaces, c’est oser sortir de l’immobilisme : planifier un rendez-vous, réinventer le quotidien, retrouver cette part de mystère qui allume le feu du désir. Cela nécessite du Yang, la capacité d’agir pour l’autre et pour soi, mais aussi du Yin, cet état de réceptivité qui permet d’accueillir l’instant dans toute sa simplicité.
Là où beaucoup voient dans le Yin une faiblesse et dans le Yang une froideur, Louise rappelle que ces énergies ne sont ni genrées ni figées. Elles se rencontrent, se mélangent et se complètent chez chaque être humain, comme deux visages d’une même vérité. « Un homme peut être doux sans perdre sa virilité, tout comme une femme peut être affirmée sans renoncer à sa féminité », explique-t-elle.
La clé, finalement, est d’apprendre à reconnaître ces forces en soi, à les embrasser avec bienveillance. Une femme qui s’autorise à explorer son Yin retrouve sa capacité à s’émerveiller, à ressentir chaque frisson, chaque silence. Une femme qui accueille son Yang ose exprimer son désir, prendre des initiatives et se réapproprier sa puissance.
Dans cette danse intime entre Yin et Yang, il ne s’agit pas d’atteindre un équilibre parfait, mais de s’autoriser à fluctuer, à explorer, à être pleinement soi. Car c’est dans cette fluidité que naît l’authenticité, et que l’amour – pour soi comme pour l’autre – devient un espace où tout est possible.
« Dans chaque femme sommeille un océan de Yin et un ciel de Yang. Il suffit de les laisser se rencontrer pour que la lumière éclaire tout ce qui est en nous. »